Nous vivons entourés de problèmes. Nous les détectons, les classons, les résolvons.
Les problèmes nous font sentir utiles, efficaces, en sécurité dans un système qui valorise la clarté.
Mais la vie, l’art et la pensée ne sont pas si nets.
Souvent, ce qui nous transforme vraiment n’est pas un problème, mais un dilemme.
Le problème a une réponse ; le dilemme, non.
Le problème demande une solution ; le dilemme demande un regard.
Dans le dilemme, il n’y a pas de chemins clairs, mais des tensions qui cohabitent : la lumière et l’ombre, ce que je veux et ce que je crains, ce que je connais et ce qui n’a pas encore de nom.
La créativité se nourrit de cet espace inconfortable.
C’est là, à l’endroit où deux vérités s’excluent et s’attirent à la fois, que naît le besoin de créer.
Créer non pour résoudre, mais pour comprendre ;
non pour choisir, mais pour soutenir ;
non pour fermer, mais pour ouvrir.
Le dilemme nous oblige à écouter, à respirer dans la contradiction, à chercher de nouveaux langages pour dire ce que nous ne savons pas encore dire.
Peut-être que l’art naît justement de cela : apprendre à vivre avec ce qui ne se résout pas.
Avec l’intuition qu’il existe une forme, une couleur ou un silence capables d’embrasser ce que l’esprit ne peut ordonner.
Quand nous cessons de fuir le dilemme et que nous y entrons avec curiosité, le processus créatif devient plus vivant.
Il ne s’agit plus de trouver la bonne réponse, mais de rendre visible le mystère même de se questionner.